l’Armagnac Dartigalongue, une histoire de famille depuis 1838
Rendez-vous à Nogaro, dans le Gers, dans l’une des rares maison d’élevage d’Armagnac appartenant à la même famille depuis sa création. Accueillie par, Benoît Hillion, directeur et mari de Virginie, nièce de Françoise Dartigalongue, j’ouvre les portes du musée et vous amène à la découverte de la saga de cette maison encore familiale.
L’aventure débute en 1838 avec l’installation à Nogaro d’un fils Dartigalongue, Pascal. Issu d’une famille de Madiran ayant des vignes à Saint-Lanne, il décide d’y créer sa propre affaire. C’est le point de départ d’une très belle histoire. Les premiers armagnacs sont vendus sous le nom de Croix de Salles. En effet, il avait acheté un vignoble à Salles d’Armagnac au lieu dit la Crousse (La Croix ndlr). Ce nom restera durant près d’un siècle.
En 1870, c’est le neveu Joseph qui prend la suite. Il développera l’armagnac et va construire le chai encore en service aujourd’hui car la dégustation de fin de visite s’y fait. Dans les années 1880, le phylloxera arrive et détruit une très grande partie du vignoble gersois. Joseph s’adapte à la situation en important du vin d’Algérie afin de le vendre sur le territoire français.
Grâce aux livres de compte gardés précieusement par les différentes générations, nous pouvons connaître la vie de l’entreprise au jour le jour. Un autre exemple d’adaptation durant la crise du phylloxera, du vin espagnol était également importé pour le vendre à Limoges.
Fin 19ème siècle, Henri, fils de Joseph, prend la succession.
L’arrivée du chemin de fer va participer à l’évolution du marché de l’armagnac qui jusqu’alors était transporté en tonneaux sur des charrettes de Nogaro à Mont de Marsan pour y rejoindre le port. De là, ils étaient acheminés à Bayonne en bateau via l’Adour pour ensuite être expédiés en Angleterre ou en Hollande.
*A cette époque, le Bas Armagnac faisait le trajet par Mont de Marsan-Bayonne alors que le Tenarèze faisait Condom par la Baïse pour rejoindre la Garonne et donc Bordeaux, c’était le plus vendu. Aujourd’hui, le Bas Armagnac représente 70% des ventes.
Henri connu la 1ère guerre mondiale, il en revient épuisé.
En 1920, Pierre a à peine 20 ans lorsqu’il est appelé pour remplacer Henri, son père et à sa demande. il dû alors stopper ses études d’avocat.
Il restera à la tête de l’entreprise familiale de 1920 à 1980. Il fût un grand entrepreneur. Il développera la bouteille. Dans les années 1950, il sera l’un des premiers à traverser l’Atlantique pour développer le marché américain.
En 1978, Pierre inaugure le musée qui se situe dans l’arrière maison là où étaient les chevaux. Il s’y trouve toujours actuellement. Une des chances incroyable de cette maison d’armagnac est les archives. Tous les livres de compte, toutes les correspondances sous Napoléon ont étés gardés.
Dans les années 1980, Françoise, fille de Pierre prend les rennes de la maison. Grâce à elle, l’armagnac Croix de Salles devient Dartigalongue. Elle met en avant le côté familial et artisanal. Elle développera également la distribution en restaurant gastronomique et en cave.
Enfin, en 2010, Françoise n’ayant pas eu d’enfant, demande à sa nièce et son mari de bien vouloir reprendre la maison. Après avoir laissé, tous deux, leur emploi dans l’agronomie à Paris, ils sont la 6ème génération.
Benoît Hillion a développé de nouveaux marchés tels que le Japon ou la Chine et continue de faire rayonner cette histoire à travers les salons.
Depuis juillet 2020 jusqu’à septembre, pour l’instant, le musée est ouvert au public du lundi au vendredi à 15h sur rendez-vous avec une dégustation en fin de parcours (8€ par personne).
Auparavant, il était uniquement réservé aux professionnels du CHR (caves-Hôtels-Restaurants).
De plus, un livre est en cours de rédaction en partenariat avec la faculté de Pau sur cette incroyable histoire familiale et surtout la quantité d’archives parvenue jusqu’à ce jour.
La suite de la visite concerne le spiritueux en lui-même et se déroule dans le chai construit par Joseph (la 2ème génération).
La mise en scène est ludique, aérienne et compréhensible par tous. On y découvre l’alambic qui était en service au temps où la famille avait quelques vignes. Aujourd’hui, la maison Dartigalongue est un éleveur d’armagnac. Ils ont un partenariat à long terme avec 5 viticulteurs du Bas Armagnac, familles qu’ils connaissent depuis longtemps. Ils leur achètent l’eau de vie blanche. Le travail de Benoît et Ghislain Laffargue (Maître de chai depuis près de 30 ans) va être de déguster ces eaux de vie et de commencer à faire les assemblages afin de pouvoir ensuite les faire vieillir tout en gardant l’excellence de la maison.
Les cépages travaillés sont le Baco, l’Ugni Blanc et la Folle Blanche. La distillation se fait entre novembre et décembre à partir d’un « jus de vin » à 10°C d’alcool par des bouilleurs de cru ambulants qui se déplacent dans les domaines partenaires. Benoît et Gustave sont présents pour suivre au plus près toutes les étapes de l’élaboration et déguster la blanche d’armagnac qui donne déjà un profil organoleptique du futur armagnac vieilli.
Vous saurez presque tout de la distillation armagnacaise. La suite c’est à vous de la découvrir en venant sur place… en attendant, quelques images pour vous faire patienter.
le chai de fin 19e Siècle La genèse de l’armagnac
Spirit-tourisme :
Maison Dartigalongue
Place du Four – 32110 Nogaro
Visite des chais et dégustation, uniquement sur réservation, du lundi au vendredi à 15h, 8€ par personne. Visite qui dure environ 1h30.
Réservation au 05.62.09.03.01 ou par mail : contact@dartigalongue.com
Merci à l’office de Tourisme : Marciac, Coeur Sud-Ouest pour l’organisation de cette visite
et à Benoît Hillion pour le partage de l’histoire passionnante de la maison Dartigalongue